Interview 2023

Cette année, l’interview a eu lieu le 15/10/2023, quelques semaines après la fermeture du parc (le 24 septembre 2023). Un grand merci à Patrice Fleurent pour ses réponses et aux différents parconautes m’ayant soufflé quelques questions lors de la préparation de cette interview annuelle. Bonne lecture.

Fraips’fan : Bonjour, merci de m’accueillir pour cette traditionnelle interview.

On sait que Fraispertuis-City a réalisé cette année sa meilleure saison historique. Bravo pour cela ! Quels sont les chiffres et sont-ils au niveau des objectifs fixés ?

Patrice Fleurent : Merci ! On a accueilli 285 000 visiteurs cette année. La meilleure saison était de 281 000 visiteurs en 2019, et l’année dernière, on avait 280 000 visiteurs. C’est donc une belle saison. Pour ce qui concerne les objectifs ; non, ils ne sont toujours pas atteints puisqu’ils étaient plutôt autour des 300 000 visiteurs. On s’est fait voler un petit peu notre mois d’août à cause de la météo, même beaucoup. Les 10 premiers jours d’août ont été mauvais et même très mauvais et on a basculé sur du très beau, très chaud. Donc voilà, on passe à côté des 300 000, voire des 310 000. Si on avait remis le mois d’août de l’année dernière, on serait arrivé à ces chiffres-là. Si on avait mis celui de 2019, on serait à 315 000. C’était une année un peu bizarre.

L’année a été marquée par l’ouverture d’El Molcajete. Est-ce que les visiteurs apprécient cet ajout ? Quels sont les retours ?

Ah oui, effectivement, avec un peu de retard ! Un peu de retard du constructeur, du retard dans le génie civil et l’un dans l’autre l’attraction a ouvert au public le 7 juillet. De mémoire les Draisines avaient ouvrir le 26 juin l’année d’avant. On a eu vraiment beaucoup de retours positifs, c’est vraiment une attraction qui plaît bien. Comme les Draisines, elles ont remplacé une attraction existante donc il fallait trouver quelque chose d’aussi bien, voir de mieux. El Molcajete permet une attraction beaucoup plus fun, qui plaît aussi bien pour beaucoup et voire mieux pour d’autres que les Sombreros, donc c’est que du positif.

L’idée de ce type d’attraction est venue assez bizarrement en allant voir les side-cars de Technical Park. On était à Paris avec mon épouse et j’avais déjà vu, sans jamais en avoir vraiment essayé. On a décidé d’aller voir ceux du Jardin d’Acclimatation qui est le petit modèle. On a essayé les side-cars et mon oreille a été attirée par des gens qui rigolaient énormément sur un autre manège qui était derrière, qui était des sauterelles (NDLR : L’Astrolabe). Je me suis renseigné un petit peu à droite à gauche et en fin de compte on trouvait que ça pouvait être une attraction assez fun, qu’on trouve assez peu. L’attraction existe plutôt dans les fêtes foraines, beaucoup moins dans les parcs à ma connaissance et donc voilà, on est parti là-dessus. Comme je savais que Géraud du TÜV contrôlait le Jardin d’Acclimatation et qu’il contrôle aussi les attractions de Fraispertuis-City, je lui ai demandé qui était le constructeur. Il m’a renseigné et m’a dit que c’était l’attraction qui l’amuse le plus là-bas. Donc c’était déjà un bon signe puisqu’il est très connaisseur et plutôt amateur de grosses attractions. C’était déjà un bon point de départ. Pour la thématisation, elle est venue dans la discussion ; quelle histoire on racontait avec le fameux trio Clément, Freddo et moi. Pour trouver la bonne thématisation qui se prête bien au quartier mexicain.

En parlant des Sombreros, que deviennent-ils ?

Les Sombreros ont quitté le parc, il y a tout juste une semaine. Le nouvel acquéreur nous avait demandé de pouvoir les garder jusqu’au mois de juin, mais je savais très bien qu‘au mois de juin, il n’aurait pas trop le temps de les réceptionner, puisque comme tous les parcs d’attractions c’est le début de saison et qu’il y a beaucoup à faire. On les a stockés dans nos ateliers de maintenance à Rambervillers et on a fait le point avec lui lors du salon du IAAPA pour savoir quand est-ce que je pouvais lui livrer, de façon à dégager aussi de la place dans nos ateliers. Cela c’est donc fait la semaine dernière et je suis passé lundi dans ce parc pour regarder avec lui ce qu’il devait faire en termes de maintenance. Il va pouvoir remettre en place les pièces qu’on avait fini par recevoir et faire son génie civil pour le faire tourner le manège cette année.

La Cavalerie cette année a fait défaut sur une bonne partie de la fin de la saison, est-ce qu’elle risque le même sort que les Sombreros ?

Alors non, pas du tout, parce que la Cavalerie continue à être une attraction très populaire. Elle nous a fait défaut même en milieu de saison, carrément, suite à un orage fin juillet qui a endommagé le collecteur. C’était une pièce que j’avais eue en 2019 ou en 2018 sous 3 jours chez Zamperla. Là, ils m’annoncent 14 semaines de délai. Nous sommes à la mi-octobre et toujours pas de nouvelles. Donc forcément on s’est fait piéger et au début on avait aussi pas mal accusé de problèmes, parce qu’on avait, par précaution, voulu remettre une nouvelle génération d’automate du même constructeur. Les délais sur certaines pièces étaient annoncés pour des commandes passées en juillet 2022 à 230 jours. Il a fallu faire des adaptations entre nouvelles et anciennes pièces qui a causé des soucis au début. De façon sûre, dès que le collecteur revient, on se remet dessus. Il faut absolument et on va la faire tourner nuits et jours, même pendant Noël pour le Père Noël (rire). On a pour objectif que la Cavalerie soit à nouveau opérationnelle.

Cette année, Walibi Belgium a ouvert Silverton, qui reprend le design des Draisines. Comment avez-vous pris la nouvelle ?

Très bien ! Nous avons ouvert ce modèle XL de side-cars l’année dernière en même temps que Liseberg. Avec la popularité du modèle classique, nous imaginions bien que la version XL allait continuer à apparaître. Pour Walibi Belgium, qui reprend effectivement le design de nos Draisines, que nous avons dessiné en collaboration avec Technical Park, ce modèle appartient à présent à leur catalogue puisque nous n’en avons pas demandé l’exclusivité. Les équipes de Walibi Belgium ont cependant eu la délicatesse de m’appeler pour me demander mon accord d’utilisation de ce design, ce que j’ai bien sûr accepté.

Concept Art de Silverton à Walibi Belgium.

De nombreux parcs ont des problèmes de recrutement, qu’en est-il à Fraispertuis-City ?

Effectivement, tous mes collègues que j’ai croisés depuis 3 semaines au IAAPA de Vienne, à la commission technique du Snelac qui s’est passée à la Récré des trois curés, … on a tous ces problèmes de recrutement. On subit un petit peu le 2e après COVID sans doute puisque c’était déjà le cas l’année dernière. Ce que l’on avait jamais rencontré jusqu’à présent.

À Fraispertuis-City, on a encore réussi à tirer notre épingle du jeu et à avoir du personnel jusqu’au dernier week-end du mois de septembre, puisqu’on est arrivé à tenir tous les restaurants ouverts, snacks et les choses comme ça, ce qui était important. Mais il a fallu mettre en place des contreparties sur le mois de septembre pour pouvoir avoir cette équipe au complet. On ne sait pas ce que ça va donner dans les années à venir.  Peut-être qu’il va falloir changer notre façon de travailler avec des gens plus âgés, voire très âgés, peut-être des gens qui seront en retraite depuis un certain temps. On pourra sans doute compter sur eux ou travailler avec des systèmes de prime d’assiduité, comme commencent à le faire à certains collègues, mettre en place des primes de présence. C’est forcément plus compliqué pour la gestion. D’un jour à l’autre, on nous annonçait qu’on quittait le poste pour X raison, pour prendre des vacances, ou des choses comme ça. Cela ne se passait pas les autres années. On avait accepté le fait de pouvoir organiser avec les équipes des périodes de congés à partir du moment où on le savait avant et que c’était planifié pour nous permettre de nous organiser.

Je pense que ça va être un fléau, mais pas que dans le parc d’attractions, dans la restauration, dans tout ce qui est métiers de service. C’est devenu très compliqué et donc on espère que la situation va s’améliorer avec le temps.

Est-ce qu’au niveau des équipes permanentes du parc, il y a des postes à pourvoir ?

Forcément, on peine toujours un peu en maintenance, mais on a besoin d’expérience, parce que l’on s’aperçoit qu’on a une bonne équipe de maintenance, mais qu’elle est assez jeune ou pas assez expérimentée dans certains domaines. Donc oui, en maintenance ou en entretient des espaces verts, il va se créer dans un avenir proche des postes. On doit aussi prendre en compte les amplitudes horaires du parc et les aléas comme des arrêts de travail qui ont rendu la saison plus compliquée pour le reste des équipes. De toute façon, comme on a de plus en plus d’attractions, de technique et de vérifications, forcément ça demande plus de personnel. Les Bumpers avant, on faisait le plein d’essence, on tirait sur la ficelle et pour la maintenance, on avait 4 moteurs d’avance, qu’ils refaisaient dans la journée. Les Draisines, tous les matins, faut le checker, remettre de l’huile dans tous les fumigènes, donc c’est déjà 1 h en plus pour vérifier tout ça. El Molcajete, c’est pareil, il y a tout un programme de vérification des barrières, des harnais, de choses comme ça, donc forcément il y a de plus en plus de contrôles avant ouverture qui fait que si la personne est là dès 7h du matin, elle ne pourra pas être là jusqu’à 20h le soir. Si on prolonge la fermeture des files d’attentes des attractions jusqu’à 18h30 ou 19h, ça veut dire qu’ils sont là encore à 20h donc il faut quasiment 2 équipes qui se croisent aux alentours de 14h00. Sans oublier la gestion des jours de repos et des congés parce que ce sont des jeunes qui ont des familles et qu’on aime pouvoir leur donner aussi ces jours-là. Donc on va retravailler sur notre recrutement. Pareil pour la restauration, pareil pour les boutiques.

Le parc a été récompensé cette année encore. Est-ce que tu veux dire quelque chose sur ces prix ?

On est toujours très content de notre position déjà sur Tripadvisor. Quoi qu’on en dise, c’est quand même des avis de nos visiteurs, comme les avis Google qui restent en grande majorité positifs, voir très positifs. On sait qu’il y a toujours des problèmes, la perfection n’existe pas. On doit bien réfléchir aujourd’hui sur les questions d’accès aux attractions des personnes en situation de handicap. Sur le nombre d’accompagnants, parce que l’on sait que même avec ces bracelets, le rôle de l’accompagnant n’a plus beaucoup de sens quand ils sont mal distribués. Cela créer des tensions entre les gens qui font la file d’attente classique. Bref pour revenir aux récompenses, il y a celles de la profession comme European Star Awards du magazine Kirmes on est très content de voir Golden Driller qui continue à être dans le top 5 et qui progresse même puisqu’il est grimpé à la 3e position cette année. Que El Molcajete soit dans le Top10 européen des nouveautés 2023. Pour les prix du public, on est très heureux que le parc et El Molcajete soient nommés au Parcs Fans Awards 2023. (NDLR : il est encore temps de voter pour soutenir le parc).

Ce qui reste quand même important, mais bon ça va de pair, c’est la satisfaction visiteur. Et ça, c’est quelque chose qu’il faut garder en mémoire.

Pour la saison prochaine, quels sont les projets ?

Pour 2024, pas de projet en matière d’attraction. Il y aura toujours nos projets de maintenance et sans doute des aménagements, plutôt au niveau des parkings. J’aimerais bien qu’ils soient un peu plus structurés. Pour la bonne et simple raison que quand les gens arrivent, il faut que tout ça aille très vite, or aujourd’hui. On a beau avoir 4 personnes, voir plus, sur chaque parking, ça coince. Le truc c’est que pour eux, c’est beaucoup de boulot à gérer. Il faut que l’on optimise pour que les voitures puissent se stationner en toute sécurité rapidement et que nos opérateurs puissent vraiment le faire facilement. Éviter les files d’attentes et qu’on ne soit pas obligé de limiter, comme on le fait un petit peu aujourd’hui en annonçant sur les réseaux que l’on déconseille certaines journées importantes. On sait que ce n’est pas spécialement important à l’intérieur du parc puisque l’on a quand même une bonne capacité et que l’on a la possibilité de prolonger les horaires. Ce sont plutôt ces bouchons sur la route qui ont tendance à agacer les gens quand ils mettent plus d’une heure et demie pour arriver au parking, ils se demandent ce que ça va être une fois dans le parc alors que ça se passe généralement très bien.

On a appris cette année le décès de votre voisin qui occupait la maison en bord de route. Est-ce que les projets d’aménagement sont liés à cet espace ?

Oui, cela fera partie de l’aménagement quand cette maison sera libérée complètement, puisqu’il y avait encore quelqu’un qui vivait à l’intérieur avec Tati (NDLR : surnom de Bernard Choserot), mais qui doit la libérer prochainement. Nous sommes propriétaire de cette parcelle et de cette maison. Cela devrait nous permettre de gagner un tout petit peu de place mais surtout d’aider à structurer le stationnement correctement.

Avec l’agrandissement des parkings du côté Saint-Dié, est-ce qu’il y a une idée de déplacer ou de rajouter une entrée sur le fond du parc ?

Non, ce n’est toujours pas d’actualité parce qu’en fin de compte, notre parking de bus restera à l’endroit où il est, près de Timber Drop, le parking PMR aussi et donc pour l’instant y a pas de nécessité à déplacer cette entrée. Sauf si un jour, on décide d’utiliser cet espace pour y mettre une nouvelle attraction, mais le système de 3 voies sur la départementale se trouve à ce niveau-là. Si demain on déplace les entrées au fond, il faut faire un accès plus loin, or on n’est plus que sur une route à deux voies. Tout ce qui a été fait par le Département devient caduc. Ou alors il faut garder l’entrée et juste un chemin d’accès. Ça fera sans doute partie d’un master plan qui sera sur plusieurs années, mais pour l’instant il n’y a pas de projet de déplacer l’entrée.

Toujours sur la problématique de ces quelques jours où l’accès au parc bouchonne, est-ce qu’il y a d’autres options comme les parkings déportés qui sont envisagées ?

On va déjà voir ce qu’on peut gagner avec la partie autour de la maison de Tati, on n’avait volontairement pas occupé toute cette partie pour éviter de garer des voitures au pied de sa maison et lui laisser sa tranquillité malgré la proximité avec le parc. Ça nous permet déjà de récupérer une surface non négligeable, plus une surface qui va nous permettre de nous étendre sur le fond. On est en débat avec la Direction départementale des Territoires sur l’aménagement de cette zone dite humide. Nous sommes tombés d’accord sur des mesures compensatoires en achetant de nouveaux terrains un peu plus loin et que l’on va aménager en zones humides avec de la végétation spécifique de façon à faire la compensation. On ne l’a pas encore chiffré, mais on peut espérer que ça nous libère 250 à 300 places de parking. On devrait éliminer à court terme ce problème de stationnement et donc sans envisager d’avoir une solution de navette, ou autre chose comme ça.

À Fraispertuis-City le manque de place est aussi bien sur les parkings que dans le parc. Est-ce qu’il est envisageable que des projets jouent la superposition attraction / boutique / restaurant ?

Je pense que c’est envisageable. Je l’ai vu, je ne sais plus dans quel parc allemand où il y a des chaises volantes qui ont été mises au-dessus d’un restaurant. C’est quand même compliqué car ça représente un surcoût. Il y a des attractions qui prennent beaucoup de place comme les chevaux galopants. On ne peut pas mettre que des flat rides ou des tours. Je pense que maintenant en matière de flat rides, on est bien, en matière de tours on est pas mal. On remplacera certainement un jour le Blizzard par quelque chose d’un peu plus gros, mais à l’endroit même, on a la place. Il ne faut pas non plus qu’on devienne un truc où on soit hyper serré et donc à nous de trouver le bon emplacement.

Comme évoqué plus tôt, pas de nouvelle attraction en 2024, mais des aménagements au programme. Est-ce que des modifications sont encore prévues cet hiver sur El Molcajete ?

El Molcajete a été fait par la société Technical Park sur un modèle forain et ils n’en avaient pas refait depuis le passage à la norme EN 13814 qui a posé quelques problèmes pour eux et comme beaucoup de constructeurs, ils se sont mis beaucoup de boulot sur le dos en même temps. Il y a encore quelques petits trucs à faire et surtout il y a amélioré la capacité de débit horaire et de chargement puisque ça mobilise 3 opérateurs pour arriver à une capacité loin de ce qui était annoncé. Là il y a des modifications techniques qui vont être apportées pour justement arriver à diminuer le nombre de salariés, mais en plus à améliorer le débit. Tout n’a pas totalement été terminé sur El Molcajete puisqu’on a quand même ouvert dans une certaine urgence, en pleine saison. Il y a encore toutes les terrasses et les toits qui sont en béton, qui doivent être couverts d’un liner.

Dans le reste du parc, on va refaire beaucoup de choses en bois qui souffrent énormément. Des plantations, des choses comme ça, mais on n’a pas d’autres projets. 

La sonorisation du parc continue, parce qu’on a encore beaucoup enceintes. On a encore amélioré le système cette année tout autour du Flum, la Crique des pirates aussi. Au Mexique il y a encore à faire autour du nouveau manège. Tout ça est maintenant commandé depuis un seul poste de commandement avec les différentes musiques. Ce qui permet d’avoir des divisions par zones et de pouvoir aussi travailler sur les niveaux sonores. Il y a encore beaucoup de boulot à faire. Le truc c’est qu’on n’a pas vraiment trouvé de boîte compétente, donc on fait ça en interne et comme tout ce qui est fait en interne, ça prend du temps. Je crois qu’il y a encore plus de 50 diffuseurs qui sont en stock et qui attendent d’être mis en place. On va peut-être aussi travailler sur des bandes-son plus personnalisées sur certaines attractions. Tout est au conditionnel parce que les boîtes qui font ça ont aussi beaucoup de travail. Donc ça va être selon les dispos.

Qu’en est-il du projet de bâtiment logistique ?

C’est toujours en cours, on a commencé cette année avec 2 gros modules militaires, ce qui nous a permis de remettre en place les tenues du personnel, puisque pendant 3 ans, suite au COVID, on avait arrêté des tenues du personnel par quartier thématisé. Là on avait acheté 2 gros modules de l’armée qui se déplient et qui font 76m². En permettant d’avoir un vestiaire garçon, un vestiaire fille et beaucoup de place pour stocker ces chemises western, ces tenues pirates et mexicaines qui ont été commandées cette année. L’autre module est devenu un bâtiment de formation et de restauration pour le personnel.

Modules militaires

On va bien sûr continuer à travailler sur les plans, c’est un projet qui est complexe parce qu’il faut penser à tout. On n’aura pas deux fois l’occasion de le faire. Même sans ce bâtiment, cela ne nous a pas empêchés d’augmenter le nombre de séminaires que l’on a organisé cette année. On a commencé l’année dernière avec un ou deux petits et l’on a refait cette année avec beaucoup plus de participants dont un premier au mois d’avril qui s’est fait avec environ 180 personnes. Et après, nous avons eu des séminaires de 50 ou 40 personnes sur le début de la saison. Le concept a l’air de bien plaire à tous ceux qui font ces séminaires-là. Une partie réunion, une partie déjeuner et puis une partie ludique avec les attractions rien que pour eux. À nous de trouver le personnel et la rentabilité car j’ai tendance à dire que l’on a fait du prix d’appel depuis ces deux ans pour voir un peu, mais tout ça a un coût qu’il faut maîtriser et il faut donc trouver le juste prix.

Le parc a déclaré vouloir l’arrivée de coaster, c’est même écrit sur Roller Coaster Database. Est-ce que ce projet avance ? Est-ce qu’on sait un emplacement, un type de coaster, un constructeur ?

Ça c’est important de faire une bonne réponse. Il va falloir que je pèse mes mots parce qu’effectivement, si même rcdb.com a anticipé sur une phrase que j’ai dite sur un média il faut être plus clair. Bien sûr, on ajoute les Draisines qui remplacent les Bumpers, ou El Molcajete qui remplacent les Sombreros. On avait ajouté Post Office, les Ptit’s Moussaillons et les Corb’hauts en 2020. Dans le master plan établi en 2019 on devait inclure un dark ride dans la mine d’or et ajouter un roller coaster en 2022. La COVID a changé tout ça.

Dans ce que j’ai déclaré, l’idée était que pour que le parc passe un échelon supplémentaire de fréquentation, ça ne peut passer que par l’investissement d’un nouveau roller coaster. La date dans ma tête était peut-être prématurée parce que je ne me rends pas compte que tout passe si vite, la réalité entre les délais des constructeurs, ce serait dangereux aujourd’hui de donner une date. Je maintiens que c’est par un roller coaster qu’il faudra passer pour avoir un nouveau palier, sans dire que ce sera le prochain investissement du parc.

Cette année, si on avait mis un roller coaster avec la météo que l’on a eu, on aurait passé les 300 000 visiteurs voir peut-être 320 000 parce que c’est de la valeur sûre sur la première saison. Ce n’est pas négligeable. Ce sont généralement des chiffres que vous gardez. C’est ce que l’on a pu voir par le passé quand Fraispertuis-City a passé des paliers importants.

Tout va tellement vite au niveau technologique dans les roller coasters, chacun y va de son innovation, il nous reste encore à voir ce qui plaira le plus, quelle gamme il nous faut, car on reste un parc qui se veut famille + (avec un peu d’attraction pour les ados/adultes). Faut-il faire un mix entre Grand Canyon et Timber Drop ou faire un peu plus fort que Timber Drop ? Ça va être une vraie question. De toute façon, l’un comme l’autre, cela reste des choses appréciées. Ce n’est pas sorti de nos têtes, on y réfléchit, mais en parallèle, il y a aussi beaucoup d’autres choses à gérer. On laisse mûrir, on observe les propositions des constructeurs, il faut regarder toutes les contraintes de place (que l’on n’a pas vraiment), de débit (dont on va avoir besoin pour les grosses journées) … donc ce n’est pas abandonné, mais il n’y a pas de projet validé aujourd’hui.

Est-ce qu’aujourd’hui le parc se freine dans ses investissements à cause de ce manque de place et de cette saturation occasionnelle des parkings ?

J’ai eu l’occasion d’en parler il y a peu de temps sur Vosges TV (NDLR : retrouvez le reportage juste ici) et en fait clairement, c’est un peu lié. Il ne faut pas qu’on investisse fortement et qu’on attire beaucoup plus de visiteurs, si aujourd’hui on n’est pas capable de faire des grosses journées avec parkings saturés, voitures sur le bord de routes et messages sur les réseaux. Tant qu’on n’est pas capable de garer nos visiteurs, cela ne sert à rien d’agrandir le parc pour mettre un coaster. Je pense qu’il faut faire par étapes. Les parkings et seulement après on peut parler des projets. Si les autorités maintiennent leur blocus, dans ces services il y a une volonté de blocage de développement du parc qui est frustrante. Il serait idiot de se mettre un gros investissement sur le dos et de faire du mécontentement ou d’avoir des restrictions comme des journées sur réservation, ce qui pour des petits parcs comme nous, nous empêche de bien travailler. Il faut vraiment que l’on règle ce problème de capacité de développement. Peut-être que ça passera par ce que l’on disait tout à l’heure par les parkings déportés pour les grosses journées d’affluence, mais avec tous les aléas que cela comporte.

Le projet d’un retour de la mine d’or, ou du moins de l’utilisation de son ancien emplacement est-elle toujours considérée ?

Alors l’emplacement, il est là, il existe. Il est ce qu’il est. On s’aperçoit qu’il est incompatible avec un dark ride parce que l’accessibilité n’y est pas, parce que le bâtiment a une structure en béton et donc ça nécessite de refaire un bâtiment à l’intérieur du bâtiment. Beaucoup de poteaux (du Grand Canyon, de sa propre structure, …), donc c’est un emplacement qui peut être bon pour d’autres types d’attractions, mais pas pour un dark ride. Malgré tout, on n’oublie pas cette idée de dark ride interactif qui peut être un bon ajout. On le voit avec le Ciné Desperado qui est toujours aussi populaire malgré son âge. Tout à l’heure, on parlait d’un restaurant en dessous d’un manège, mais un dark ride peut aussi être positionné en-dessous d’une attraction de façon à optimiser cette place. Ça, c’est quelque chose qui est toujours réalisable. Dans ce qu’on avait prévu initialement, on avait sans doute quelque chose de trop petit et qui risquait de ne pas être à la hauteur de ce que l’on souhaite. Donc il y a bien la mine où on garde une possibilité de faire quelque chose dedans. À réfléchir. Et le dark ride, qui est aussi une possibilité, mais pas à cet endroit-là.

Est-ce que le passage en version électrique du train est à l’étude ?

On a fait cette année des mesures et des devis pour l’Express. Le coût est très très élevé et nous avons une difficulté puisque le parc est loin d’être plat. Il y a un vrai dénivelé entre le bas de la crique des pirates et la station. Par exemple, quand on est au niveau du Cactus jusqu’à la station, on a déjà 1m50 de dénivelé. Depuis le plus bas de la Crique, c’est quasiment 4m, or on sait qu’en électrique, la consommation est minime sur du plat, mais demande beaucoup d’énergie en montée. Pour l’instant en tout cas, le coût est trop important pour être vraiment intéressant.

Hormis les montagnes russes, est-ce qu’il y a un type d’attraction qui est réclamé ou qu’il manque à Fraispertuis-City ?

On en a parlé, le dark ride bien sûr. Sinon, nous n’avons pas trop de demandes. On a la chance d’avoir une clientèle qui semble trouver que l’on enchaîne bien les attractions. Les attractions aquatiques plaisent toujours, Pirates Attack est toujours prisé quand il fait chaud. Le Flum manque peut-être un peu de longueur ou d’une 2e chute ou d’un système permettant un meilleur débit.

Est-ce que lors de salons comme celui du IAAPA à Vienne, vous avez repéré des choses intéressantes ?

Quand on cherche quelque chose, on regarde bien. Quand on ne cherche rien … Enfin je n’ai pas eu l’impression de voir quelque chose de vraiment intéressant. Les constructeurs traditionnels ont tous des carnets de commandes bien remplis. Jusqu’à 2027 pour certains. Ils n’ont pas trop besoin de nouveautés avec tout ce qu’ils ont signé. Zamperla a sorti ces Nebulaz qui cartonnent comme a cartonné à son époque le Disk’O. J’espère que Technical Park va pouvoir exploiter sa sauterelle comme ils viennent de la refaire, avec un meilleur débit, sinon rien de spécial.

Est-ce que la position de Fraispertuis-City a évolué sur l’idée d’aire de jeux pour enfants ?

Non, ça n’a pas évolué. C‘est toujours un peu pareil, c’est lié à l’espace qu’on a en foncier pour ce genre d’activités. Effectivement, ça peut être bien, mais ça prend un peu de la place. Ça demande aussi de la surveillance, c’est de la bobologie. Les enfants sont livrés à eux-mêmes, donc ça court, ça se toque, c’est jamais vraiment grave. Mais c’est pas impossible, il faut simplement avoir un endroit, il faut le positionner, trouver le thème qui va bien et avoir quelque chose de propre. Ce n’est pas totalement exclu. On a aussi quand même l’avantage dans le département d’avoir de l’offre dans ce domaine, on a les collègues comme le Bol d’air, Pokeland, la Ferme Aventure qui proposent des choses complémentaires. Ce n’est pas vraiment de l’aire de jeu, mais ça s’en rapproche. Pour nous ce n’est pas exclu, mais ce n’est pas prioritaire. 

Est-ce qu’un monorail peut être envisagée ?

Le monorail a l’avantage de passer là où le train ne passe pas. On sait très bien qu’il aura du mal à aller au-delà du Flum. Il n’est pas exclu parce que c’est un peu comme le train ou la Roue panoramique, on y va pour faire une pause. Donc c’est un ajout qui vient en intermédiaire.

Qu’en est-il du Billy Show ? Est-ce qu’on sait comment faire évoluer cette scène ?

Il va falloir qu’on trouve quelque chose, au moins pour les mascottes. C’est vrai qu’on avait dit, on le fera cette année. Cette année, beaucoup de choses ont été faites pour remettre les tenues du personnel, les séminaires, El Molcajete, … J’espère que cet hiver on aura plus le temps de dessiner quelque chose. Effectivement, on n’a pas travaillé non plus avec les groupes de musique toujours pour des raisons de droits de Sacem, de pièges de Sacem ou de raquette de Sacem. Il ne faut pas avoir peur des mots. Donc, c’est au détriment de ces groupes-là qui permettaient certains jours d’occuper nos visiteurs pendant quelque temps. C’est vrai que c’est aussi compliqué parce que quand ils viennent, ils reprennent toute la scène et nos mascottes n’ont plus leur place. Ceci étant, pour ce qu’elles faisaient cette année, elles pouvaient le faire au pied du Billy’s Show. Donc effectivement, il faut qu’on réfléchisse à quelque chose d’un peu plus ludique qui ne dure pas des heures, qui ne raconte pas une histoire de façon à ce que les gens passent et puissent faire une photo. Il faut qu’on y travaille et ça demande un certain professionnalisme, d’avoir du personnel bien attitré, … C’est un vrai investissement, mais peut-être que ça en vaut la peine.

Est-ce que la position du parc évolue sur les questions de nocturnes ou de saison d’Halloween ?

Non, on reste figé. Est-ce que le temps donnera raison ou tort. Pour l’instant, on a une arrière-saison qui est superbe. Un vrai été indien qui a permis des prolongations lors des derniers week-ends. Pour les nocturnes, c’est compliqué au niveau personnel comme on l’évoquait. Les gros parcs qui le font sont bien souvent équipés d’hôtels, on n’est pas dans la même catégorie. Pour Halloween, ce n’est pas une histoire de ne pas vouloir l’argent, ce n’est pas une histoire d’entêtement. C’est vraiment une histoire de mise en œuvre qui est compliquée et qui ne garantit pas la rentabilité. Certains le font effectivement, mais comment estimer le report de visite sur cette période plutôt qu’une visite en saison classique. Quand on ouvre un mois de plus, c’est aussi un mois de charge en plus. Pour l’instant, il y a beau temps, mais s’il pleut à Halloween, même si on sait que la clientèle de cette période est beaucoup plus courageuse, ici s’il pleut, il neige. C‘est tellement ombragé que c’est glacial. Déjà en septembre, des attractions comme Timber Drop ou Golden Driller souffrent plus de l’humidité alors qu’ils sont plutôt dans des zones ensoleillées. Ça nécessite presque de chauffer les stations pour garder les trains au chaud. Sur les derniers week-ends, on est obligé de mettre les mannequins pour faire tourner les grands-huits 2h avant. Qui dit ça, dit énergie. Si on est sûr de faire 3000 personnes, ça va, si c’est pour en faire 300, zéro intérêt. 

Les parcs qui prolongent la saison, réduisent forcément leur période d’hivernage. Est-ce que ce serait envisageable avec la structure de Fraispertuis-City ?

C’est le problème qu’on a et que certains parcs soulèvent aujourd’hui.  Ils ouvrent pour Halloween, certains ouvrent maintenant à Noël et en fin de compte, ils n’ont plus la possibilité d’avoir une vraie maintenance. Ils font comme Disneyland, commencent à réfléchir pour fermer des attractions, ou les ouvrir plus tard que le début de saison. C’est de source officielle puisque ce sont des gens de la maintenance de parc importants avec qui j’échange qui me l’on dit. Avec les besoins et les rythmes d’entretien des machines, on est condamné à ce genre de choses lorsque l’on veut ouvrir plus longtemps. 

Est-ce que Fraispertuis-City s’est déjà posé la question d’une ouverture pour un événement hors saison, mais qui ne propose pas ou peu d’attractions. Comme un marché de Noël ou un événement Halloween qu’avec des maisons hantées.

Ce n’est pas totalement exclu et c’est peut-être le seul moyen qui garantisse qu’on ne soit pas tributaire de la météo. Si demain on pouvait imaginer des activités qui utilisent les bâtiments existants, tout en intérieur, avec des passages couverts. C’est toujours pareil, il nous faut le personnel, comme je l’évoquais. Il faut déjà régler tous ces obstacles avant de pouvoir se lancer. 

Malgré toutes les difficultés que l’on a évoquées, le parc a connu une croissance et un développement impressionnant ces 2 dernières années. Comment peut-on imaginer le parc dans 20 ans ?

En tant que gérant, directeur d’exploitation, j’ai des idées, j’ai des projets pour le parc. Je pense qu’aujourd’hui la structure successorale n’est pas déterminée. Donc je veux dire clairement, que selon l’orientation qu’elle va prendre, soit on sera capable dans les 3 ans de déposer un master plan en faisant une projection sur les 10 prochaines années. Mais aujourd’hui, on est dans une époque un peu charnière et je pense que les lecteurs de Fraisp’fan sont au courant ; ce sont mes parents qui ont créé l’entreprise, on a repris l’affaire avec mes trois sœurs, j’ai deux de mes sœurs qui sont partis en retraite cette année, dont une de la communication et recrutement et une de la restauration qui sont quand même des postes importants dans un parc d’attractions. Il y avait déjà ce challenge-là, mais ça veut dire que forcément deux personnes de la famille ne sont plus investies directement dans le parc autrement que par leurs parts sociales qu’elles peuvent avoir. Est-ce que leur but est de garder ces parts sociales ou de les vendre, maintenant qu’elles ne travaillent plus au parc. La politique de Fraispertuis City c’était toujours investir, investir, investir. Et donc il n’y a jamais eu de distribution de dividendes puisque les 4 enfants travaillaient dans l’entreprise. Je serais aussi à la retraite un jour, j’ai encore une petite dizaine d’années officiellement s’ils ne repoussent pas la date de retraite. Moi je peux encore continuer, je peux encore beaucoup m’investir, mais il faut aussi savoir où l’on va. Ce n‘est pas la peine aujourd’hui de dire « je vois ça, je vois si, je vois telle attraction, celle-là va bouger, celle-là va être démolie pour pouvoir laisser la place, déplacer les parkings, faire un système de navette tout ça » et en même temps, ne pas avoir de vision ou que cela ne soit que ma vision à moi.

C’est comme quand on crée un manège ; si on ne croit pas à ce qu’on fait, on le fait avec beaucoup moins d’enthousiasme, de punch. C’est maintenant qu’il faut que l’on règle ces choses-là. Si on attend trop, on n’est plus vraiment dans la motivation. Cette année de pause d’investissement est aussi une année de désendettement puisqu’en fin de compte, quand l’année dernière on emprunte pour les Draisines, que cette année on emprunte pour El Molcajete, on continue l’endettement et si on continue, ça veut dire que le jour où on voudra acheter une nouvelle attraction beaucoup plus importante, ce sera plus compliqué. Il faut aussi penser à ça de façon à ce qu’on puisse repartir et que je puisse continuer à aménager avec des vraies perspectives comme on en a eu pendant 10, 15 ans. C’est rare que j’aille à un salon du IAAPA sans avoir en tête la future attraction, déjà à la mi-août on pensait à ce qu’on allait mettre l’année prochaine, on se renseignait auprès des constructeurs et on signait quasiment au mois d’octobre. Il est clair qu’il faut avant tout qu’on règle tout ça. Il nous fallait une saison de transition pour suivre la restauration, garder la même qualité, avec une équipe qui était déjà en place, mais dans cette nouvelle configuration. La communication pareille, elle a été gérée correctement, mais on ne peut pas tout remettre sur une seule ou deux personnes. Il va falloir créer des postes pour grandir avec les ambitions qu’on se donne. Bien sûr, si on se dit on en reste là, on fera bien le job, mais on sait très bien dans un parc que si on en reste là, on meurt. Et comme on ne veut pas mourir, on va faire ce qu’il faut. 

Cette année on a aussi pu mettre en place des petites choses comme les réductions de 10% avec les Pass saisonniers. Il y a des choses qui n’arrivaient pas du tout à passer il y a quelques années et que j’ai quand même réussi à mettre en place cette année. Au niveau du staff on peut aussi se féliciter. On sait qu’il y a encore beaucoup à faire, on continue.

Encore un grand merci pour cet échange riche et le temps accordé pour ces nombreuses questions. 
Merci à vous.

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