Interview 2020

Cette année, l’interview n’ayant pas pu être réalisée en début de saison comme cela est fait traditionnellement, elle a eu lieu le 10/10/2020, deux semaines après la fermeture du parc (le 27 septembre 2020). Un grand merci à Patrice Fleurent pour ses réponses et aux différents parconautes m’ayant soufflé quelques questions lors de la préparation de cette interview annuelle. Bonne lecture.

Fraips’fan : Tout d’abord, comment va la famille Fleurent et l’équipe du parc ? 

Patrice Fleurent : Merci ! C’est gentil. Toute la famille et les équipes du parc se portent bien, malgré la situation compliquée que tout le monde a vécue. 

La saison 2020 est à présent terminée. Le parc a fermé ses portes le 27 septembre dernier. Quel est le bilan de cette saison si particulière. 

Aux vues de la courte saison, on ne va pas dire qu’il est négatif puisqu’on a quand même eu sur le mois et demi d’ouverture, une météo relativement bonne. Il faut évidemment remettre tout ça dans le contexte et avec les contraintes que nous nous sommes nous-même fixé. À savoir une limitation du nombre de visiteurs pour permettre une distanciation à l’intérieur du parc. On s’était fixé le cap des 3000 / 3500 personnes maximum sur une journée, ce qu’on a pu tenir et qui a permis de faire une saison de 50% environ de l’année dernière. 130 000 visiteurs, au lieu des 281 000 de l’année dernière. Tout ça sur beaucoup moins de jours, mais avec plus de visiteurs individuels en tarif régulier puisque d’habitude nous avions beaucoup de groupes qui venaient au mois de juillet et que l’on n’a pas vu cette année. Les groupes payent un peu moins cher, tout comme les comités d’entreprise. Les visiteurs ont bénéficié du tarif web puisque les gens achetaient leurs billets obligatoirement via internet cette année. On a remarqué que nos visiteurs étaient également plus consommateurs à l’intérieur du parc, avec des paniers moyens plus importants. 

Pendant le confinement, quel était l’état d’esprit des équipes du parc ? Le parc a-t-il eu recourt au chômage partiel, au prêt garanti par l’Etat ou à d’autres aides ?  

Pendant le confinement, toutes les équipes de temps plein avaient le choix, mais comme nous ne sommes pas beaucoup sur nos huit hectares de terrain du parc et parking, plus l’atelier de maintenance de Rambervillers on a pu continuer à travailler en toute sécurité. Ils étaient aussi libres de pouvoir poser des congés, comme faire valoir leur droit au chômage, garder leurs enfants s’ils en avaient besoin, … Tout le monde a continué à travailler sans aucun problème et certains ont pris des vacances, comme à certains moments où il nous manquait de la matière, comme du bois ou des pièces. Il n’y a qu’une personne qui était au chômage partiel quelques semaines, qui est notre commerciale, puisqu’elle ne pouvait plus aller prospecter, le téléphone ne sonnait plus, … ça a duré de mémoire trois semaines.  

Pour le PGE, pour l’instant il n’a toujours pas été demandé. Il va l’être forcément. Quand le parc n’est pas ouvert, il n’a pas beaucoup de frais et puis nous avions commencé à approvisionner pour des travaux de futures attractions, entre autres celle de 2021. Nous avions emprunté un peu plus, mais nous avons dû nous en servir. Il y a un moment où ils vont nous manquer. On a un autre inconnu, c’est la reprise de 2021. Si les banques ont bien accepté de repousser les prêts bancaires, ce qui était obligatoire pour nous, car s’ils ne l’avaient pas fait, le parc n’aurait pas pu passer l’hiver. Même avec le PGE qui reste un prêt supplémentaire. Ils ont accepté de repousser de 6 mois et après le gouvernement leur a demandé de doubler la durée pour passer à 1 an pour la filière loisir. Le PGE va être une sécurité que l’on va déclencher. Si l’on démarre encore une saison incertaine cela nous permettra d’être sûr de pouvoir honorer nos échéances bancaires, dans le cas où elles ne repousseraient pas une nouvelle fois. Comme ce PGE est surtout intéressant la première année et qu’il est remboursable au bout de 1 an, plus on le déclenche tard, plus on le rembourse tard et donc pour nous l’idée est de le mettre en place pour le mois d’octobre/novembre de manière à pouvoir le rembourser l’année prochaine à la même période.  

Pendant le confinement, comment le parc a-t-il contribué à la solidarité envers les soignants ?  

On a été très vite sollicité et on a réagi très vite. Le parc n’a beaucoup de stock l’hiver. Le peu qu’on avait, on l’a bien entendu donné. Des charlottes, des gants, des sur-chaussures, de choses comme ça qu’on a distribué dans des EHPAD. Ensuite, j’ai été sollicité par rapport à des ponchos jetables que l’on vend en boutique d’ordinaire. On a fait un premier essai avec des infirmières de Nancy, mais qui ne leur convenait pas, puis avec un groupe de Baccarat qui ont trouvé ça très bien et à qui on a donné une dizaine de cartons je crois. Environ 10 000 ponchos je crois. 

Une saison blanche était-elle envisageable pour Fraispertuis City ? 

Financièrement, je pense qu’elle aurait été envisageable. Là nous avons fait nos 130 000 visiteurs, les prêts ont été repoussés, mais il va falloir rajouter le coût “Covid” qu’on estime en gros à 400 000€ parce que ce n’est pas que des distributeurs de gel hydroalcoolique ou les masques que l’on voit. Il y a eu de la location de chapiteaux, des nouvelles tenues pour tous les collaborateurs pour leur permettre d’éviter les vestiaires en venant directement habillé, des modifications au niveau des backstages pour une meilleure organisation, il y a eu la modification de billetterie et pas mal de choses qui ont fait monter l’addition et quand on l’aura remis sur l’exploitation, on se dit qu’on aurait pu tenir une année blanche, après, on le voit quand même de par les gens qu’on a accueillis ou certains mails ou messages. On l’a vu récemment sur Facebook à l’occasion de la fermeture de la saison, les gens qui nous ont remerciés d’avoir ouvert, qui ont remercié tous les collaborateurs, les opérateurs.  

Cette année les jeunes ont eu du mérite parce que travailler avec un masque ce n’est pas évident, surtout avec les températures de cet été. Les conditions étaient difficiles pour eux et je pense que les gens s’en sont rendus compte. Il y a beaucoup de gens qui sont venus, qui ont apprécié que nous ayons rouvert. On ne regrette aucunement notre ouverture pour les 130 000 personnes que l’on a été heureux d’accueillir dans des conditions assez bonnes, car même les grosses journées de 3000 ou 3500 personnes, ça ne génère pas des files d’attente trop longues. Même la semaine du 15 août qui est généralement rouge et qui est plutôt dans les 6000 / 7000 visiteurs par jour, là elle était réduite de moitié. Ça leur a permis de profiter de toutes les attractions ce qui fait une expérience visiteur plus agréable et c’est ce qu’on souhaitait.  

L’ouverture cette année avait aussi un intérêt au niveau mécanique. On le voit, on a eu pas mal de problèmes, sans doute liés aux 9 mois d’hivernage sur certaines attractions. C’est toujours un peu long. Une voiture qui reste 9 mois sans rouler, on devrait lui caler les roues ou la faire tourner de temps en temps. Il y a des manèges qu’on a pu faire tourner assez tôt, il y en a d’autres pour des raisons techniques, d’attente de pièces détachées fabriquées pour certaines en Italie ou aux Etats-Unis et qui étaient elles aussi bloquées. Ces pays ont été aussi en zone rouge. En Italie, toute la partie avec qui on travaille était en zone rouge. Leurs délais ont fait que l’on a reçu des pièces presque la semaine avant l’ouverture. Sur Golden Driller par exemple, les pièces qui ont été démontées au mois d’octobre et qui sont importantes puisqu’il s’agit des amortisseurs sont arrivés tard et ne nous ont pas permis de faire tourner la tour une dizaine de jours avant l’ouverture. Juste le temps pour que le TUV puisse valider tout cela. C’était particulièrement compliqué cette année. Pareil pour les rails recintrés du Grand Canyon qui n’ont pu être livré et remontés qu’en juin. 

Au mois d’août, Golden Driller a eu un incident important, pouvez-vous nous en dire plus ? 

On a eu effectivement cet incident sur Golden Driller qui était assez malheureux. On pense que de notre côté tout a été respecté, le protocole, le cahier des charges imposé par le constructeur. Après, on s’est heurté à un problèmes ; comme on le disait, on a eu l’hivernage qui a duré longtemps. Est-ce que cela a eu une incidence sur le câble enroulé dans le treuil au-dessus ? Même si les gens ont eu très peur, l’essentiel est évidemment que tout le monde aille bien et que les sécurités aient fonctionné. Les capteurs ont tout de suite détecté qu’il y avait un câble sur trois qui avait lâché et donc aujourd’hui Intamin a mis un système qui fait que cela bloque l’ensemble de l’attraction. Il n’y a eu aucune blessure et on est resté en contact avec les gens le soir même et dans les jours suivants. Cela reste assez embêtant sur des attractions si récentes puisqu’en fin de compte les câbles avaient assez peu de jours de fonctionnement, entre les vérifications magneto (ndlr : radiographie du câble) qui avaient été faites. Donc, maintenant des morceaux de câbles sont repartis chez le fabriquant, d’autres chez le vendeur de l’attraction, on a revérifié les alignements, … Le fait que ce soit arrivé sur la nacelle en position debout, qui est beaucoup plus lourde que les autres, mais il n’empêche que cela n’aurait pas dû arriver et il est clair qu’on a remis un nouveau protocole en place pour que cela n’arrive plus. 

C’était une saison un peu compliquée aussi au niveau de la Cavalerie qui a été une paire de jours en arrêt à cause d’un collecteur, le Bateau pirate où le réducteur qui avait à peine un an et seulement deux mois de fonctionnement a cassé aussi. Ce sont des grosses pièces et donc pas des choses que l’on a en stock et où on a donc dû s’arranger pour en récupérer ou réparer pour certaines, … donc au niveau mécanique, on s’est demandé si les manèges n’étaient pas assujettis à la Covid. 

Pourquoi avoir fait le choix d’ouvrir si tardivement (ndlr : 11 juillet) alors que les premiers parcs français ont rouvert début juin ? 

On pensait vraiment que le protocole allait s’alléger. On avait en tête de dire qu’il valait mieux ouvrir un peu plus tard et que les gens aient moins de contraintes au cours de leur visite que d’imposer de grosses contraintes dès le départ comme le prévoyait le protocole déposé par le SNELAC, mais qui permettait d’ouvrir dès le 2 juin. Certains parcs ont ouvert le 6, le 11 juin, puis beaucoup début juillet. 

Je pense que là pour le coup, on serait vraiment dans le négatif si l’on avait inclus ces jours-là. La rentabilité au mois de juin n’y aurait vraiment pas été dans cette période où l’école a repris et où la psychose était encore assez forte. Si c’est pour faire des journées à 200 entrées on serait en déficit. 

La situation a obligé le parc à s’adapter sur de nombreux domaines. Est-ce que certaines choses mises en place se sont avérées positives et méritent d’être poursuivies ? 

Oui, la réservation en ligne, c’est quelque chose que je pense qu’il faut développer. On va changer de système de billetterie avec une nouvelle génération, d’achat en ligne, parce que cela fait gagner beaucoup de temps aux visiteurs à l’entrée et c’est une vraie aide à la gestion de notre côté. 

Pour d’autres points, il ne faut pas non plus que la Covid devienne un prétexte pour beaucoup de choses. Je m’explique, on a dit que les nouveaux polos des employés c’était formidable, beaucoup moins de contraintes de gestion, au niveau des tailles et des réassorts par rapport à nos tenues de pirate, de bucherons, de cowboys… Mon avis c’est retrouver nos tenues thématisées parce que c’est quand même qualitatif, ça ajoute au thème, … Personnellement, je ne suis pas prêt à faire ce genre de changements à long terme sous l’excuse du virus.  

Au niveau organisationnel, on a fait des modifications au niveau des bureaux et dans les backstages. On est toujours sur un projet de réaménagement plus important, mais on n’aura pas les finances suffisantes pour réaliser ce projet d’investissement. Cela va nous aider sans doute à plus réfléchir puisqu’on a déjà amélioré certains parcours d’employés. On a loué un chapiteau pour créer une nouvelle salle de pause beaucoup plus spacieuse. On va rester sur cette optique là sans doute encore l’année prochaine et déjà prévoir ce nouveau bâtiment, mais avec de meilleurs circuits internes.  

Pourquoi le Pass n’a pas été proposé à la vente cette année ? Sera-t-il de retour en 2021 ? 

On a décidé de rembourser les premiers Pass 2020 qui avaient été vendus et de ne pas en vendre cette année parce que comme on avait limité le nombre de personnes sur le parc, on préférait qu’il y ait plus de personnes différentes qui puissent profiter du parc, tout en restant dans le cota qu’on s’était fixé plutôt qu’il y ait un groupe de mêmes personnes qui aient des Pass et qui puissent en profiter au détriment de certains qui auraient voulu faire une journée au parc. Je pense que dans ces cas-là, il ne faut pas faire preuve d’égoïsme, il faut penser à tout le monde. Financièrement, cela ne nous amuse pas, le Pass se vend en général assez bien donc ce n’est pas une histoire d’argent, c’est vraiment de permettre à plus de personnes de profiter du parc, même avec une affluence limitée. Il n’y avait pas de Pass cette année, bien entendu, dans les années à venir s’il n’y a plus de contraintes, le Pass va revenir.  

Pour être en contact régulier avec les autres parcs, comment pensez-vous que Fraispertuis City a traversé l’année 2020 par rapport à d’autres ? 

Je pense que cela a été compliqué pour tout le monde. Ni mieux, ni moins bien. Il y a eu différentes politiques. Certains ont imposés le masque à leurs visiteurs dès le départ, il y en a qui comme nous ne l’ont pas imposé, mais ont plutôt joué sur la distanciation, ne pas charger nos attractions, … On s’aperçoit que d’un côté il y avait des gens satisfaits qui se sentaient en sécurité chez nous, d’autres pour qui rien n’est suffisant, d’autres qui disaient qu’ils ne supporteraient pas le masque et qui préféraient ne pas venir cette année, et c’est totalement compréhensible et ceux qui ont dit que tous les parcs étaient des foyers de rassemblement de beaucoup de personnes et qu’ils n’arriveraient pas à passer une bonne journée. On est bien conscient de ça et on les invitait à revenir une autre année puisque le but n’est pas de gâcher leur journée.  

En gros, je pense qu’on sera tous dans la même ligne. Certains parcs vont tirer vers le haut, car ils ont été touchés plus tard. Je pense à mes amis de la Récré des 3 curés sur la pointe Bretagne et je leur souhaite, car ils ont fait un très bel investissement avec Vertika. On leur souhaite d’avoir fait une progression cette année. Nous on se trouve tout de même dans une région qui a été touchée la première avec une proximité avec l’Alsace et Mulhouse, et qui a vraiment été touchée durement. Cette année, il n’y aura pas eu de miracle au niveau des parcs, donc les collègues sont tous comme nous.

Beaucoup de parcs souffrent encore parce qu’ils vont encore jusqu’à Halloween en continuant d’avancer dans le brouillard, avec des décrets qui tombent tous les jours. Ils doivent gérer avec. Je leur souhaite qu’ils puissent terminer la saison d’Halloween.  

Cette année ayant été raccourcie, avez-vous pensé à tenter une saison Halloween ? 

On y a pensé, mais non seulement on ne l’a pas envisagé une demie-seconde parce qu’on connait toutes les contraintes que l’on vient d’évoquer, mais de plus la météo nous a donné raison puisque le dernier week-end d’ouverture a été vraiment catastrophique, les week-ends qui ont suivi n’ont pas été très beaux. Alors que les premiers week-ends de septembre étaient très beaux, ils nous ont montré que malgré le climat agréable, les visiteurs n’ont pas adhéré comme ils adhèrent les autres années au mois de septembre. Sans doute parce qu’on fait face à une remontée des chiffres Covid et que cela remet automatiquement la crainte à nos visiteurs. 

Pour le coup, il valait mieux vraiment ne pas prendre cette option puisqu’on sait qu’elle aurait été négative pour notre bilan.  

Pour revenir sur la saison 2020, il n’y a pas eu que des événements négatifs puisque le parc a inauguré trois nouveautés malgré tout. Comment ont-elles été choisies ?  

Dans le plan d’investissement il était prévu que 2020 soit plutôt pour les petits et famille, 2021 pour les familles et 2022 pour les ados. En 2020, elles ont donc été choisies pour petits parce qu’avec les normes, même des attractions comme Las Ranitas secouent trop, donc on a pris les p’tits moussaillons pour les tout-petits.

Les Corb’hauts parce que le petit carrousel far west qu’il y avait avant ne répondait plus aux normes TUV ou demandait de laisser en permanence un opérateur. Comme je n’en voyais pas la nécessité, on a supprimé ce petit carrousel puisque l’on pense que le gros (la Chevauchée) a suffisamment de capacité. Les Corb’hauts allaient pile poil en place et sa thématisation était très jolie et on sait que c’est un manège relativement populaire parce qu’il a fait ses preuves dans beaucoup de parcs.

Pour la troisième nouveauté, Post Office, alors là c’est assez surprenant puisque c’est une attraction qui existe depuis très longtemps chez Zamperla en version 4×4 ou voitures de courses. Cela doit être une première dans les parcs d’attractions en France. Je n’en ai pas vu chez mes collègues pour l’instant, mais elle a eu un petit succès sympathique auprès des petits et qui est vraiment très ludique. En plus elle a été mise à l’abri du soleil et de la pluie.

On pense que ce sont trois bonnes nouveautés, les retours sont en tout cas positifs sur les trois.  

Le fait que vous soyez devenu récemment grand-père a-t-il eu une incidence sur le choix des attractions de cette année ? 

Je pense qu’indirectement cela doit aider, mais on a vraiment eu des demandes de nos visiteurs. On a dû ajuster nos tailles d’accès sur certaines attractions et c’est vrai qu’on a souhaité que les petits aient leur manège … mais il y a plein de petites attractions que les constructeurs ne font plus parce que la nouvelle version de la norme EN 13814 impose beaucoup de choses et rend le coût d’une attraction énorme, même pour les petits. Bientôt, on va payer le petit manège des moussaillons le prix d’un petit roller coaster tellement c’est compliqué. C’est parfois devenu déraisonnable, mais bon, la fabrication est telle, les soudures, les normes à respecter … Résultat, même des constructeurs comme Zamperla qui faisait du petit manège comme le Rio Grande, n’en fait plus aujourd’hui. C’est des manèges qui sont voués à disparaitre. On ne trouve plus par exemple de Bullys qui est très bien pour les tout-petits. C’est pour cela qu’il a tourné cette année avec deux embarcations. Je ne trouve pas, il faudrait que je refasse un moule, il n’y a plus de constructeur pour ces choses-là et donc je trouve ça un peu dommage effectivement parce que les petits sont nos visiteurs de demain. Je suis très content de voir ma petite fille sur ses premiers manèges comme les p’tits moussaillons, mais ça reste encore la piscine à boules qui l’amuse le plus pour l’instant.  

Cette année le parc a également fait le choix de rendre ses allées non-fumeur. Comment la nouvelle a-t-elle été accueillie et respectée par les visiteurs ? 

Cette nouveauté a été bien accueillie. Je pense que cela a été bien perçu par beaucoup et même des fumeurs qui étaient contents d’avoir un coin à eux parce qu’il y arrive un moment où ils ne savaient plus trop où ils étaient en droit, où ils étaient en tort. En plus, les espaces fumeurs ont été relativement bien faits. Les places qui leur étaient réservées étaient bien situées, pas trop loin des terrasses, … il n’y avait pas que 2 places, sur nos 5 hectares et demi il y a 9 espaces fumeurs.  

Au niveau du respect de la nouvelle règle, il y a eu quelques rappels à l’ordre, mais tout ça ne peut pas se faire d’un jour à l’autre. Les gens qui avaient l’habitude et qui n’avaient pas percuté … Nous n’avons pas non plus fait un gros battage. Cela devenait un peu lourd entre les marquages au sol pour la distanciation, les logos pour le port des masques, … les gens étaient un peu perdus. Ceci étant, il y a déjà des collègues qui m’ont appelé pour savoir un petit peu ce que cela donnait chez nous et certains qui sont eux-mêmes fumeurs. Moi je ne le suis plus donc cela me dérange moins, je ne sais pas quel aurait été ma réaction si je l’étais encore ! Ils ont aujourd’hui beaucoup de reproches à ce sujet et veulent faire comme nous. Je pense que c’était bien de commencer doucement et intelligemment avec des zones bien placées et un nombre suffisant, mais il faudra quand même qu’on y travaille car nous avons eu la chance d’avoir un bel été et les zones étaient toutes extérieures. Si demain c’est un peu pluvieux, il faudra qu’on réaménage ces zones avec un abri que les fumeurs n’aient pas l’impression d’être laissé sous la pluie comme si c’était des délinquants. Chacun est libre de fumer. 

Le parc a fait un passage remarqué dans Zone interdite, sur M6 cette année. Comment s’est déroulé le tournage et est-ce que le parc a été content de ce reportage.  

Zone interdite c’était très bien. On a trouvé que c’était sympathique. Le truc c’est que c’était prévu bien avant la crise sanitaire. On avait conclu ça au mois de janvier. Le tournage a été beaucoup plus compliqué pour moi, et heureusement une de mes sœurs s’y est collé avec beaucoup de talent parce que le tournage s’est fait pendant l’ouverture du parc (les deux jours avant l’ouverture et le premier week-end) et nous ce sont les jours où nous sommes le plus débordés, donc quand ils m’avaient proposé cela à l’époque, j’avais dit oui, on sera prêt, mais tout a été bousculé. Et puis ce qui est un peu compliqué dans des émissions comme celle-ci, c’est que la personne qui tourne, ce n’est pas elle du tout qui fait le montage. Ils sont partis avec en majorité des images de la préparation du parc et au final on voit beaucoup d’images de l’ouverture. En gros, on a tourné sans connaitre le scénario du film. Pour moi c’était un peu difficile.  

Moi ma première préoccupation c’était d’ouvrir le parc pour les visiteurs. Je n’ai pas été très bon dans le relationnel avec M6, en plus on avait eu l’expérience Capital, qu’on ne regrette pas, mais qui avait laissé parler sur quelques détails. Là on ne savait pas trop où ils voulaient en venir. C’est un peu dommage qu’on n’ait pas eu plus d’info sur le thème avant parce que je pense qu’on aurait fait encore beaucoup plus d’efforts. Nous n’avions pas non plus le droit de vision avant diffusion, cela n’aurait pas changé grand-chose, car on n’aurait pas refait d’images.

Dans le reportage, il y avait trois parcs en parallèle. Il y a des images qui avaient été tournées l’année d’avant, nous on a été tourné en dernier. Mais on est évidemment très content que M6 ait repensé à nous et on a eu quelques échos. Malheureusement, ils tombent dans une saison qui n’est pas exceptionnelle. On espère que les gens qui l’ont vu s’en souviendront l’année prochaine.  

Le parc a été classé 3ème meilleur parc d’attractions français et 13ème européen sur TripAdvisor. Etes-vous surpris de cette récompense ?

Oui, toujours surpris, déjà d’être dans le top 10, mais en plus d’être dans le top 3 je suis encore plus surpris. On a beau être surpris on est toujours très heureux parce que quoi qu’on dise et quoi qu’on pense de TripAdvisor, partout où l’on va, quand on cherche un hôtel, un restaurant, on regarde le site officiel et après on va quand même voir sur TripAdvisor les avis qu’il peut y avoir. Même si des journalistes ont réussi à faire passer en top 1 un restaurant qui n’existait pas avec des faux commentaires, je pense que nos commentaires sont sincères. Ce sont d’ailleurs des commentaires que l’on retrouve sur Facebook, Google ou qui nous sont adressés par messages. Ça c’est la vraie récompense, c’est un peu comme les audimats à la télé ou les applaudissements pour les artistes. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais on fait tout pour que cela plaise à nos visiteurs. 

Dans plusieurs déclarations à la presse, il a été évoqué que le parc avait gelé des projets importants pour son développement dans les années à venir. La somme de 9 millions d’€ a été évoquée. Est-il possible d’en dire un peu plus sur ce qui se cache sous cette enveloppe ? 

En fait, elle était claire, la moitié était consacrée pour 2021 à la recréation d’un dark ride au niveau de la mine d’or, qui était attendu. Pour 2022, c’était plus flou, mais dans le plan de financement, c’était le budget que l’on s’était attribué. À nous de chercher, mais on serait parti sur quelque chose pour adolescents, sans aller dans l’extrême puisqu’on cherche toujours à aller dans ce qui va bien, qui passe bien, qui est fun et qui est différent.  

Pour celle de 2021, c’est plus compliqué parce que la communication était différente, mais on l’avait déroulée comme ça. Un dark ride c’est familial, après, pour le vendre et avoir une retombée en termes de visiteurs c’est plus difficile que lorsqu’on met un nouveau manège. Dans l’esprit de nos visiteurs, il peut y avoir l’idée que c’est la réouverture de notre vieille mine d’or. Ils ont remis leurs wagonnets, ils ont remis leurs mannequins … Là on travaillait sur un concept totalement différent, novateur, … Le projet n’est pas abandonné, mais c’est clair qu’en 2021, à part le Derby qui n’a pas pu voir le jour cette année et qui devrait normalement se rouvrir, on ne verra pas d’autre nouveauté.  

La question, est-ce qu’on repasse directement au projet de 2022 et revenir après sur le dark ride plutôt que de les décaler ? C’est une question qu’on est en train de se poser puisque pour le coup, la Covid à apporté ça. Le Ciné Desperados n’a pas pu ouvrir cette année parce qu’il y avait des problèmes. Au début on avait enlevé les lunettes et quand la règle a été durcie par rapport aux lieux clos, confiné, on a préféré le fermer. La future mine d’or c’est un peu la même chose, puisqu’on part sur un bâtiment confiné qui nécessitera à l’avenir d’avoir une forte ventilation, puisqu’on n’est pas sûr que la situation ne perdure pas ou qu’on ne voit pas arriver une nouvelle Covid (ce que je ne souhaite pas bien sûr). Cela permettra d’être dans un environnement confiné, mais bien ventilé. Cela va automatiquement changer le prix du projet et donc il faut qu’on repense autrement quelque chose qui était quasiment abouti et qui était presque à signer.  

Est-ce qu’il est important pour Fraispertuis City de continuer d’investir ?  

Oui, je pense qu’il est important de continuer à investir. Pour 2021 c’est un peu moins important, car seulement 50% de nos visiteurs sont venus, il y avait des choses fermées, après dans les années à venir, bien sûr, je pense que dans toutes les entreprises il faut se mettre dans la tête qu’il faut aller de l’avant en espérant ne plus revoir ce genre de choses. Il faut continuer ce qu’on a commencé depuis 53 ans ; amener du divertissement, toujours du nouveau. Donc, on continue d’investir et dans le foncier pour les possibilités d’extensions et dans les attractions et dans la logistique. On parlait du bâtiment des backstages tout à l’heure, les bureaux, les trucs comme ça.  

Comme vous l’avez dit, on peut espérer le retour du Derby l’année prochaine. Il était prévu pour cette année, que s’est-il passé ? 

Le Derby, non seulement il était prévu, mais il était même terminé puisque j’ai vu des vidéos qui ont été faites mi-mars. Les anglais ont confiné un peu plus tard. Nous avons eu notre décret le 14, le 15 il était fini, ils devaient le redémonter pour l’envoyer et venir le monter début avril pour qu’il soit opérationnel dès le 11 avril. Nous avons été confinés jusque mi-mai, à leur tour, les anglais n’ayant pas fait le choix de confiner tout de suite, ils se sont heurtés à des problèmes. Le Derby nous a quand même été livré quand les problèmes de frontières ont été levés. On l’a reçu à la mi-juillet. Tout a été mis en caisse bois et comme il y a une garanti dessus, c’est normalement le monteur qui devait venir. Mi-août il nous avait annoncé sa venue et deux jours après le pays annonçait une quarantaine pour les gens qui revenaient en Angleterre et donc, s’il venait, il aurait été obligé de se mettre en quarantaine à son retour et comme il y a eu la réciprocité pour la France vis-à-vis de l’Angleterre on lui a dit que ce n’était pas la peine de monter le Derby pour les dernières semaines d’août en prenant tous ces risques. On garde tout ça en caisse, bien au chaud et il reviendra monter ça quand la situation ira mieux.  

Si la situation le permet, est-ce qu’on peut espérer la réouverture du Ciné Desperados, du stand maquillage, du Old Time Photo ? 

Bien sûr, j’espère dès avril 2021. Que tout ça pour le coup soit un mauvais souvenir, … c’est ce que j’espérais déjà en juillet. Je reste très prudent parce que je me suis planté sur ce coup-là, mais on finira quand même par s’en sortir de tout ça. Obligatoirement, quand ce sera possible, tout cela rouvrira, en tout cas pour nous ce sont des lieux importants au sein du parc. 

Le monde du spectacle vivant est également en crise. Est-il envisageable que le parc retrouve des animations de ce type ?  

C’est vrai que pour tout ce qui a été animation sur le podium, cela a été compliqué et ça n’a pas eu lieu cette année. On pense bien aux groupes qui venaient d’ordinaire parce que même si on leur a promis des aides que j’espère ils obtiendront, cela reste compliqué. Ce sont des gens qui travaillent déjà sur peu de temps. Nous, on a vu que la présentation des mascottes c’était bien, mais les enfants aiment aussi faire des câlins, ce qui est plus possible en ce moment. On a essayé de faire au mieux, mais la magie a pris un coup. On espère aussi que cela revienne pour permettre des animations sur ce podium. 


 
Peut-on espérer la réouverture un jour d’un nouveau Laser City ?  

Avec le matériel qu’on avait, je ne pense pas. Il était devenu un peu obsolète. Je pense qu’on ne va même pas le garder. Un nouveau Laser City, je ne pense pas. 

Un petit camp ressort pourrait être envisageable pour faire venir des gens de plus loin ? 

Non, mais on a toujours la chance d’avoir autour de chez nous des hébergements qui permettent aux gens de pouvoir s’héberger pour ceux qui viennent en week-end. Je pense également à ce que mes neveux ont fait à Jeanménil avec leurs cottages qui sont tout près et qui sont très bien (Le domaine des graminées). Pour l’instant, en ce qui nous concerne il n’y a pas une vraie demande. 

Le parc ou les parkings ont-ils des possibilités d’agrandissement ? 

Oui, on est toujours en train d’acquérir le maximum de foncier que l’on peut, on fait des relances. Le problème c’est que là on tombe sur des gens qui sont vendeurs, mais il y a délais de succession qui fait que la vente ne pourra être effective qu’à partir de la mi-novembre 2021. Quand ces morceaux auront pu être acquis, tous les bâtiments qui sont à côté du Joli Jumper (ndlr : la menuiserie) pourront déménager beaucoup plus loin. 

Europa Park compte pérenniser sa technologie « Virtual line », afin de permettre aux visiteurs de faire autre chose qu’attendre, entre autres consommer dans les boutiques et restaurants. Pensez-vous que ça devienne la norme dans les parcs d’attraction à moyen terme ? 

Je n’en sais rien, Europa Park continue par exemple toujours à faire de la VR et moi j’y crois de moins en moins. Le peu que j’ai pu discuter avec des gens à ce sujet, les avis sont très mitigés. Je n’ai pas trouvé de vrais fans. Est-ce que cette nouvelle technologie pourra apporter autre chose, je ne sais pas. Je n’ai pas beaucoup d’idées là-dessus. Je ne dis pas que c’est impossible, mais pour l’instant la structure du parc n’oblige pas de passer par ces techniques. 

Est-ce que vous avez déjà réfléchi à un système permettant de mettre à dispo les temps d’attente des attractions dans le parc ? 

Oui. On y a déjà réfléchi. Je pense qu’il faudra qu’on y vienne, mais il faut que cela soit bien fait et on n’a pas encore tout à fait maîtrisé la chose, surtout sur certaines attractions puisqu’on n’a pas les taux de remplissages qui sont les mêmes d’une à l’autre bien évidemment. Si on compte cette année, c’était encore pire. Par exemple, l’île aux pieuvres si c’est à chaque fois un adulte et un enfant on met 18 personnes, si ce n’est que des plus d’1,20m, c’est que 9 personnes par tour. Le débit est totalement différent et donc cela passe par l’opérateur qui va essayer de compléter, … enfin c’est compliqué. Timber Drop si l’on tourne à deux trains, trois trains, quatre trains, il faut modifier le calcul, le temps de chargement, cela repose sur beaucoup de choses et donc je pense que des parcs comme le nôtre cela reste encore très compliqué. Sur d’autres comme Pirate Attack c’est assez simple.  

Il a aussi le système de marqueurs dans les files d’attente, mais il ne faut pas trop se tromper, il faut être réglo et assez juste. Si déjà on pouvait mettre ce type de marqueurs dans les files d’attente, ce serait déjà un plus.  

Certains parcs régionaux comme le PAL ont commencé à travailler le sujet. Je ne connais pas leurs retours sur la fiabilité. L’idée s’est plus aujourd’hui de me fixer vers des manèges où soit on va attendre, mais le tour de manège va valoir le cout. Le dark ride qu’on avait prévu était sur un tour de 4 minutes, avec un bon débit horaire malgré tout et là c’était intéressant. Même s’il y a de l’attente, les visiteurs embarquent pour un voyage de plusieurs minutes. Si c’est court, il faut que cela aille vite. Ce n’est pas le choix qu’on a fait avec les pieuvres, mais il apporte autre chose, les manèges de Jet-ski sont bien souvent doublés dans les parcs, mais quand il n’y a pas de monde, il n’y en a toujours qu’un seul qui tourne et là ça rend moche le truc. Il y en a un qui est souvent à l’arrêt. 

Merci beaucoup pour toutes ces réponses ! Bon hivernage 

Merci beaucoup 

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